Le microbiote nasal : dispositif de protection contre les pathologies respiratoires
- audebouyssierenatu
- 1 févr. 2021
- 3 min de lecture

A l'heure actuelle, la recherche scientifique connaît un engouement sans précédent pour notre microbiote. On dénombrait environ 1000 publications sur le sujet en 2010, puis, aux alentours de 5 500 en 2015. En 2020, pas moins de 14 500 recherches ont été recensées par le site de publications scientifiques Pubmed sur cette seule année. C'est tout dire !
La très grande majorité de ces études porte sur le microbiote intestinal, qui, nous le savons aujourd'hui, est un garant essentiel de notre santé. Pourtant, l'intestin est loin d'être le seul à abriter des milliards de bactéries. Toutes les zones du corps en contact avec l'extérieur en contiennent : la peau, le vagin, la bouche, les bronches et... le nez!
Rôle du microbiote nasal:

Les narines sont, à chaque inspiration, confrontées à leur environnement , ce dernier contenant un nombre gigantesque de bactéries, virus et micro-organismes divers. Le nez est donc la première ligne de défense contre de perpétuels envahisseurs pathogènes grâce à l'action combinée du mucus et des cils vibratiles qui filtrent, piègent puis éjectent ces indésirables. Mais un autre agent de protection, plus discret, veille : le microbiote nasal, colonie de millions de bactéries réparties dans le nez, la gorge, le pharynx.
Les dernières recherches sur le sujet confirment que, comme son cousin intestinal, le microbiote nasal joue un rôle majeur dans notre stratégie de défense immunitaire : il influence notre sensibilité aux infections respiratoires.
Quel lien avec les pathologies respiratoires (rhinite allergique, asthme, sinusite, grippe...)?

A ce jour, grâce à leurs recherches approfondies dans le domaine, les spécialistes pourraient, en analysant le microbiote nasal d'un enfant, prédire sa vulnérabilité aux infections respiratoires (otites, rhumes, angines). En effet, il a été démontré que certaines bactéries sont protectrices, quand d'autres sont inflammatoires. Ainsi, comme dans l'intestin, si les bactéries bénéfiques occupent physiquement le terrain, elles empêchent l'implantation des bactéries nocives.
Les mêmes constats ont été fait plus récemment en ce qui concerne la rhinite allergique et l'asthme : un déséquilibre du microbiote nasal est un facteur de risque de développement puis de sévérité de la maladie.
D'autre part, on s'étonne souvent qu'au sein d'une même famille, certains membres semblent immunisés contre les virus grippaux, très contagieux, quand d'autres succombent régulièrement à leurs assauts. Une fois encore, la différence viendrait du fait que certaines colonies bactériennes présentent dans le nez préservent ou non de l'invasion de ces virus.
En temps d'épidémie de covid19, pathologie virale respiratoire et hautement contagieuse, la nouvelle est fort prometteuse, et pourrait être une alternative intéressante (en terme d'efficacité et de dangerosité) aux vaccins.
Des soins à partir de probiotiques nasaux.
La dimension thérapeutique du microbiote nasal est, pour l'instant, à l'étude. Les souches de Lactobacillus casei, par exemple, semble extrêmement prometteuse puisque elles ont la capacité à la fois de réduire l'inflammation locale mais également d'inhiber la croissance de populations bactériennes pathogènes (dont les staphylocoques dorés, particulièrement résistants aux antibiothérapies).
Cependant, ces probiotiques sont encore expérimentaux. Alors, comment, dès aujourd'hui, prendre soin de notre si précieux microbiote nasal?
Favoriser un microbiote nasal sain.
- n'avoir recours aux antibiotiques qu'en dernier recours et de manière raisonnée. En effet, ces derniers affectent l'équilibre bactérien qu'il soit intestinal, vaginal, buccal ou nasal.
- veiller à son microbiote intestinal, car les populations intestinales et respiratoires sont interconnectées, sans qu'on en connaisse l'origine exacte.
- se laver le nez régulièrement pour prévenir et traiter les congestions nasales
- se laver régulièrement les mains au savon
- éviter les atmosphères polluées
- aérer souvent ses lieux de vie et de travail
- pratiquer une activité régulière en extérieur
- il est possible que la pratique du port du masque permanent soit un obstacle à l'équilibre du microbiote nasal, ce dernier obstruant les stratégies naturelles d'évacuation lors de l'expiration. Je ne saurai que trop vous recommander de respirer à plein poumons dès que vous êtes en extérieur et à l'écart des zones peuplées!
Sources:
- "Early repiratory micobiota composition determies bacterial succession patterns and respiratory health in children" Respir Crit Care Med 2014; 190:1283-1292
- ' Etablishment of the nasal microbiota in the first 18 months of life : correlation with early-onsetrhinitis and wheezing' Allergy Clin Immunol, 2018
- ' The nasal mirobiome in asthma' Journal of Allergy and Clinical Immunology, 2018, doi:10.1016.jaci.2018.02.020
- 'Human commensals producing a novel antibiotic impair pathogen colonization' Nature vol535, 28 juillet 2016, p511-51
- 'The respiratory mocrobiome and susceptibility to influenza virus infection' plos ONE, 2019
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