La mycothérapie : les vertus thérapeutiques des champignons.

audebouyssierenatu
19 janv. 2021
4 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 janv. 2021

Qu'est-ce qu'un champignon?

Les champignons, ou mycètes, forment l'un des cinq règnes du vivant (Monères, Protistes, Mycètes, végétaux et animaux, selon la classification de Whittaker).

Ils furent longtemps considérés comme des plantes. Or, ils se distinguent du règne végétal par deux particularités :

- les mycètes ne possèdent pas de chlorophylle, ils n'utilisent donc pas la photosynthèse pour créer de l'énergie. La plupart des champignons peuvent ainsi se développer dans des milieux très obscurs (voir des caves comme nos champignons de Paris!)

- ils sont hétérotrophes, c'est-à-dire qu''ils se nourrissent de matière organique (vivante ou inerte), contrairement aux végétaux qui eux n'utilisent pour se développer que de la matière inorganique (eau et minéraux).

D'autre part, même si, d'après la classification phylogénétique, ils sont plus proches des animaux, les champignons s'en distinguent radicalement car :

- ils ne présentent simplement pas de faculté de locomotion!

- ils ont un mode de reproduction très spécifique par spores (cellules reproductrices unicellulaires qui se développent pour former un nouvel individu, et colonisent leur environnement en flottant dans l’air)

Conclusion : Le champignon n'est ni végétal, ni animal.

Qu'elles sont les caractéristiques des champignons?

Tous les mycètes sont composés de filaments souterrains minces appelés hyphes. Le réseau de cet ensemble de cellules est appelé un mycélium. Ce dernier peut s'étendre très rapidement jusqu'à atteindre des surfaces de plusieurs km2.

Il a plusieurs rôles absolument capitaux pour la survie des forêts:

- il distribue l'information dans les sous-sols, ce qui permet à une communication entre tous les végétaux.

- il constitue une extension racinaire des arbres pour leur permettre l'accès à une plus grande richesse nutritive alors que ces derniers font profiter du glucose produit par photosynthèse (fonctionnement symbiotique).

- il permet une sécrétion plus abondante d'antibiotiques, les végétaux deviennent alors plus résistants aux maladies et aux agressions extérieures.

- il libère des enzymes digestifs qui décomposent la matière organique permettant ainsi le recyclage des déchets, la création de l'humus et l'équilibre des sols (propriété saprophyte).

- il enrichit les sols en permettant le développement de micro-organismes nécessaires à la croissance des arbres.

- il pompe les polluants pour assainir et régénérer les sols (la mycoremédiation est aujourd'hui un processus très utilisé pour dégrader ou diminuer les contaminants dans l'environnement grâce à des champignons)

En bref, dans leur milieu naturel, les mycorhizes (associations à bénéfice réciproque contractées par les racines des végétaux avec les champignons du sol) sont essentiels à 80% des plantes à racine et, par conséquent, au maintien de l’équilibre de l'écosystème.

Que peut-on en déduire quant aux vertus thérapeutiques?

De multiples études scientifiques ont confirmées qu'il était possible de transposer les bienfaits des champignons au sein de la forêt, au corps humain. Les 170 à 200 principes actifs de chaque mycètes, ont donc pour tropisme :

- Le système nerveux et endocrinien (réseau d'information)

- Le système digestif (nutrition)

- Le système immunitaire (résistance aux maladies)

- Les systèmes émonctoriels : poumons, reins, foie, intestins, peau (recyclage des déchets)

- Le système métabolique (croissance)

- Le système hépatique (détoxication des polluants)

Aujourd'hui, les champignons thérapeutiques sont utilisés pour des troubles très divers allant des maladies neurodégénératives au hypothyroïdies en passant par les diabètes, les maladies auto-immunes, les dysbioses intestinales ou les allergies. Je ne saurai que vous conseiller d'aller consulter votre naturopathe pour trouver le champignon correspondant à votre terrain et votre pathologie!

Rapide historique de la mycothérapie.

La Chine est considéré comme le berceau de la mycothérapie, les propriétés curatives des champignon sont utilisés depuis des millénaires pour le traitement des pathologies.

En Occident, en revanche, les champignons n'avaient pas bonne presse, leur représentation se limitant à l'ergot de seigle et au mildiou de la pomme de terre, ces deux derniers étant responsable de milliers de décès du Moyen-Age jusqu'au XIXe siècle.

Tout bascula avec la découverte du penicillium, de champignon qui sécrète une substance hautement bactéricide : la pénicilline. Sa découverte par Ernest Duchesne en 1897, puis sa domestication par Alexander Fleming en 1928 marqua une étape importante dans le domaine de la médecine. Ce fut le début des thérapies par antibiotiques qui permirent de lutter contre les infections bactériennes.

Aujourd'hui la recherche mycologique occidentale ne cesse de progresser. Le nombre d'espèces de champignon terrestre semble se situer antre 250 000 et 3 000 000 selon les professionnels. Mais tous s'accordent à dire que le pourcentage d'espèces connues est de l'ordre de 10%.

Quels sont les champignons médicinaux?

Environ 1000 espèces sont reconnues de nos jours, pour leur vertus thérapeutiques mais les plus usités sont une cinquantaine.

Voici une liste des mycètes les plus étudiés (la plupart sont d'origine asiatiques, pour les raisons évoquées dans l'historique) :

- Le shiitake (Lentinula edodes)

- Le champignon du soleil (Agaricus blazei)

- La queue de dinde (Coriolus versicolor)

- Le maitake (Grifola frondosa)

- La crinière de lion (Hericium erinaceus)

- Le reishi (Ganoderma lucidum)

- Le cordyceps (Cordyceps sinensis)

- Le polypore en ombelle (Polyporus umbellatus)

- Le coprin chevelu (Coprinus comatus)