L'alimentation fonctionnelle
- audebouyssierenatu
- 15 févr. 2021
- 4 min de lecture

Qu'est-ce que l'alimentation fonctionnelle?
Au début du XXème siècle, la recherche médicale a permis de comprendre l'intérêt de certains nutriments dits essentiels, dans l'organisme humain. Il était avéré que le manque d'apport de ces nutriments favorisait des pathologies carentielles.
A la fin du même siècle, la puissance des outils d'observation et les capacités analytiques ont été telles que les aliments sont désormais positionnés comme des modulateurs de la santé, pouvant l'améliorer ou la desservir. Certains sont même devenus des médicaliment, terme qui désigne un aliment qui contient « une multitude de composants classifiés ou non comme nutriments, reconnus capables d'influencer une grande diversité de fonctions impliquées dans l'état de bien-être et de santé ou la réduction du risque des maladies » (dixit Marcel B. Roberfroid in Aliments fonctionnels, Lavoisier, 2008)
De ce mode d'approche est né le concept d'alimentation fonctionnelle.
Bien que les nouvelles acquisitions scientifiques soient assez spectaculaires, il semble important de rappeler certains fondamentaux car ils sont, d'une part négligés, et d'autre part, une des causes majeures de la montée en puissance des pathologies dites de civilisation. Voyons les cas du cancer, des pathologies cardio-vasculaires et des maladies neuro-dégénératives.
L'alimentation comme moyen de prévention des cancers : le régime asiatique
Il ne fait aucun doute que l'incidence élevé des nombreux cancers dans les pays industrialisés pourrait être considérablement réduite par une modification en profondeur de nos habitudes alimentaires.
Résultats des études les plus récentes :
- la fucoxanthine des algues (nori, wakamé...) est un inhibiteur des cellules cancéreuses
- les champignons d'origine asiatique (shiitake, enokitake, maitake) et les pleurotes sont particulièrement riches en molécules anticancéreuses
- les graines de lin broyées apportent à la fois des acides gras polyinsaturés omégas 3 (réduisant l'inflammation chronique et, par conséquent, interférant avec le développement de cancer) et des lignanes (phyto-œstrogènes qui sont de véritables remparts contre le cancer du sein)
- l'action anti-inflammatoire des épices, notamment le curcuma et le gingembre, semble jouer un rôle protecteur important dans la prévention de plusieurs cancers, en particulier celui du côlon
- Les choux (brocoli, chou-fleur, chou kale, chou de Bruxelles, chou frisé...), grâce à leur glucosinolates, stimulent l'activité de nos systèmes de défense, provoquant une élimination accrue de substances toxiques pouvant altérer notre ADN (et donc induire des cancers)
- l'allicine de l'ail a de nombreuses propriétés bénéfiques pour la prévention du cancer
- L'acide ellagique des fraises et framboises et les anthocyanidines des mûres et myrtilles sont capables de bloquer sélectivement l'activité d'au moins deux protéines essentielles au développement du cancer
- le thé vert est l'un des aliments qui contiennent la plus grande proportion de molécules anticancéreuses, dont les fameuses catéchines
- le soja est une source incomparable de phyto-œstrogènes anticancéreux
L'alimentation comme prévention des pathologies cardio-vasculaires : le régime méditerranéen
D'après l'Etude de Lyon, sous la direction du professeur Lorgeril, menée pendant 4 ans et publiée en 1999, le régime méditerranéen, ou crétois, permet de diminuer de manière très significative les risques d'infarctus et d'insuffisances cardiaques et de prolonger l'espérance de vie. Cette étude a été confortés par de nombreuses autres publications en 20 ans.
En voici les recommandations:
consommation massive de fruits et légumes
consommer beaucoup d’ail, d’oignon et d'épices
substitution du beurre par de l’huile d’olive ou de colza
consommation de produits céréaliers complets uniquement
consommation modérée de vin rouge (un verre de vin rouge de 15 cl chaque jour)
consommation limitée de poisson (trois à quatre fois par semaine)
faible consommation de viande (rouge notamment)
faible consommation de produits laitiers
consommation limitée d’oeufs (une à deux fois par semaine)
consommation limitée de produits sucrés (une fois par semaine)

Autre exemple : les aliments contre les maladies neuro-dégénératives

Le cerveau ne peut pas faire de réserve, il doit donc être constamment alimenté en certains nutriments, et en particulier :
- du glucose (près de 120g /j soit la moitié de notre apport alimentaire journalier)
- de la vitamine B1 ou Thiamine, indispensable à la transformation des glucides en énergie par le cycle de Krebbs et nécessaire au bon fonctionnement du système nerveux et des muscles
- les acides gras omégas 3 qui participent à la structure même du cerveau. Les cellules du cerveau sont constituées en proportion d'acide gras polyinsaturés à longue chaîne, dont le DHA en particulier.

S'ensuit donc le régime alimentaire suivant:
- Glucose : aliments à Index Glycémique bas (céréales complètes, fruits, légumineuses)
- Thiamine : levure de bière, germes de blé et oléagineux (noix, pistache, noix de Pécan, noix du Brésil...)
- DHA : huile de foie de morue, huile de lin et colza, poissons gras (type maquereau, saumon, hareng, sardine, espadon, thon), les oléagineux (noix, noisette, amande)
Quelle est l'alimentation idéale?
Nous pourrions également voir l'alimentation fonctionnelle pour lutter contre :
- une acidose métabolique latente,
- une hyperperméabilité intestinale,
- une hyper-œstrogénie
- un diabète
ou pour prévenir un dysfonctionnement :
- de la thyroïde
- du foie
- des reins...
Alors quels aliments privilégier? Pour prévenir quelles pathologies?
Nous avons tous en tête la fameuse pyramide alimentaire qui, selon les autorités de santé, serait le remède miracle pour une santé pérenne.

Pourtant, les dernières recherches avancent que les apports nutritifs optimaux sont incontestablement propres à chaque individu. Plusieurs raisons à cela.
Premièrement, l'alimentation doit être en adéquation avec l'âge, l'activité physique, le sexe de chaque personne. On comprend aisément qu'un sportif de haut niveau de 20 ans n'ait pas les même besoins alimentaires qu'une femme ménopausée de 50 ans!
Deuxièmement, elle doit tenir compte de la génétique (ADN). C'est à dire du "terrain" de l'individu. En effet, nos gènes influencent la manière dont notre organisme répond à l'alimentation: c'est la nutrigénétique. Et notre alimentation affecte notre expression génétique : c'est la métanutrigénétique (branche spécifique de l'épigénétique). C'est déjà compliqué... mais ce n'est pas tout!

Enfin, notre alimentation fonctionnelle personnelle optimale est surtout dépendante de la génomique microbiotique (information génétique du microbiote intestinal). De même que pour la génétique, on distingue :
- la nutrigénomique : l'expression génétique de nos bactéries intestinales conditionnent la manière dont seront absorbés et utilisés les nutriments du bol alimentaire.
- la métanutrigénomique : les aliments agissent directement sur les populations bactériennes de notre microbiote.
Encore et toujours le microbiote... Sujet passionnant mais au combien complexe, qui mériterait toute une série de conférences pour en appréhender grossièrement les contours!
Conlusion:
Une chose est sûre : la fière pyramide alimentaire s'écroule sous tant de noms barbares! Et les types de régimes sont certes une indication intéressante pour tendre vers une alimentation équilibrée mais ils ne sont pas suffisants puisqu'ils ne tiennent pas compte des spécificités de chaque organisme.
Pour un conseil personnalisé, je ne peux que vous encourager à consulter votre naturopathe...
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